jeudi 1 décembre 2016

Pour un enseignement performant et non élitiste





L'enseignement français se montre de moins en moins performant malgré l'importance grandis­sante de son coût ; Malgré un poids de plus de 21% dans le budget national, l'enseignement français est de plus en plus mal classé par rapport à ceux des autres nations développées et Nombre d'obser­vateurs lui reproche de ne pas assez préparer les jeunes à la vie professionnelle.

Et pourtant, il ne manque pas, parmi les jeunes Français, de filles et de garçons doués de talents et d'envies de réussite. Par contre, leurs talents et leurs envies ne correspondent pas souvent avec ce que veulent pour eux leurs parents et leurs enseignants. Ce constat était valable pour les générations précédentes aussi mais, d'une part la société, les techniques et les métiers évoluaient moins vite, d'autre part la robotisation, la mondialisation et la concurrence exacerbée ont changé la donne.

Jusqu'à présent, la mission de base de l'Education Nationale est d'élever au maximum le niveau de chaque élève, d'abord dans la culture générale -la même pour tous- ensuite dans quelques grandes disciplines théoriques : mathématiques, physique, lettres, droit... dont on pensait, jus­qu'alors, qu'elles constituaient les outils indispensables de l'élite. Logiquement, les diplômes et concours sanctionnent cela en éliminant les candidats les moins brillants. Bien sûr, il y a aussi, à côté, une filière professionnelle vers laquelle on dirige les élèves moins doués mais elle reste la branche mal-aimée du ministère. Pour couronner l'édifice, il y a les grandes écoles : Polytechnique, Normale sup., ENA, Science-Po... Ceux qui arrivent, après plusieurs niveaux de sélection à intégrer ces écoles sont promis à former les élites de la Nation dans tous les domaines. Le système choisit donc, pour occuper une fonction quelconque, le candidat qui a montré le plus haut niveau dans les disciplines théoriques et culturelles. Si montrer de l'ambition lui est favorable, à aucun moment de ses études on ne s'intéresse à ses motivations professionnelles. On privilégie le niveau intellectuel au détriment de la motivation. A titre d'image cela reviendrait à dire que celui qui a une forge sera forgeron alors que celui qui rêve de forger mais ne possède pas de forge ne le sera pas. On sacrifie celui qui a la motivation au profit de celui qui a les moyens.

Je propose que l'on révolutionne notre Enseignement en éliminant ce principe élitiste pour, au contraire, porter l'effort sur l'éclosion des vocations des élèves : "Priorité à la motivation"

Le primaire doit être consacré, avec un peu plus d'insistance qu'actuellement, à apprendre à lire, écrire, compter plus quelques rudiments de civisme, d'histoire, géographie et sciences.

Dans le premier cycle du secondaire (collège) l'objectif principal doit être de déterminer pour chaque élève sa"vocation". A savoir le secteur d'activité professionnelle dans lequel il se sentirait ef­ficient et dans lequel il a envie d'exercer. Pour cela, il faut multiplier les conférences, visites, ren­contre de professionnels de tous métiers, observer les élèves pendant leurs loisirs, voir ce qu'ils font spontanément, les encourager à cultiver et pratiquer leurs hobbies et en définitive à choisir leur vie. Toutes ces actions pour leur permettre de découvrir leur "vocation", ce qui sera facile pour quelques uns et beaucoup plus laborieux pour beaucoup d'autres.

En parallèle, évidemment, des compléments d'enseignement de culture générale, théorique et physique sont dispensés. En fin de classe de troisième chaque élève doit avoir pris sa décision d'orientation sans préjuger de ses facultés théoriques. En effet, l'expérience semble indiquer que ce­lui qui n'a pas trouvé sa voie à 15 ans, la cherche encore à 25 a donc acquis une spécialité choisie par d'autres.

Ensuite, les années de lycée seraient consacrées à donner à chaque élève les bases théoriques in­dispensables à l'orientation qu'il a choisie, avec tous les moyens nécessaires pour qu'il atteigne un niveau suffisant (heures de cours supplémentaires, redoublement...). Mais en aucun cas il ne fau­drait le décourager ni l'orienter vers une autre voie.

Après le Lycée, on rentre dans la partie spécialisation qui pourra, selon les activité visées, être de la formation pratique ou/et théorique. Elle pourra être courte ou plus ou moins longue selon le ni­veau de spécialisation et de responsabilité que l'élève souhaitera atteindre.

Toutes les structures de l'enseignement supérieur, y compris les grandes écoles continueront d'exister mais les concours devront, d'abord, porter sur la motivation des candidats, puis lors d'une mise en situation, on notera leur comportement. Leurs capacités théoriques ne seront examinées qu'en dernier critère et pour vérifier qu'ils ont acquis les connaissances de base. En effet, dans la pratique d'une profession, les connaissances théoriques "pointues" ne sont utiles que très rarement et quand cela est le cas on a recours a des spécialistes ou à de la documentation. Le professionnel ne peut pas posséder toutes les compétences, il doit par contre être motivé pour atteindre ses objectifs et pour cela solliciter des collaborateurs ou des prestataires pour les compétences qui lui font défaut.

Evidemment ces principes s'appliquent au recrutement des enseignants :

Fini les concours du type "CAPES" où il faut être un génie mathématicien avant d'être nommé "prof. de maths"en 6ème dans un collège de banlieue. On sélectionnera d'abord les candidats qui montreront une motivation suffisante à exercer le métier de professeur, y compris dans des zones difficiles ou à des élèves en difficultés. Ensuite on les testera en situation, devant une ou plusieurs classes pendant deux semaines de cours. Même s'ils n'ont pas encore l'expérience ni reçu de forma­tion pédagogique, ceux qui ont vraiment "le virus" du métier se distingueront. Ensuite, seulement, on complètera la formation pédagogique des nouvelles recrues pendant une année de formation en alternance : mi-temps enseignement sous vidéo, mi-temps formation pédagogique.

Seuls les enseignants du primaire (je propose de revenir à l'appellation d'Instituteur) enseigneront à plein temps. Dans le secondaire et le supérieur, la règle sera le cumul de la fonction de Professeur avec une fonction rémunérée à temps partiel dans un autre secteur d'activité. Ainsi les enseignants ne seront plus enfermés dans le milieu enseignants-enseignés mais participeront à la vraie vie de la nation et pourront éveiller l'intérêt des élèves sur les activités extérieures. La réciproque est néces­saire : des professionnels de divers secteurs devront êtres nommés Professeurs à temps partiel pour augmenter encore cette interpénétration enseignement-activités.

Le cumul de la fonction d'enseignant avec une fonction autre à temps partiel pourrait permettre d'accroître la rémunération des enseignants au prix, il est vrai, d'un accroissement de leur horaire de travail, il pourrait aussi offrir un complément de rémunération à des employés et cadres d'industrie, d'administration, de commerce, des médias, des arts...

Conclusion : On a connu des artistes qui avaient un diplôme d'ingénieur et n'avaient jamais exer­cé, on pourrait aussi trouver des avocats qui n'ont jamais plaidé et bien d'autres encore... ce ne serait pas grave s'il n'y avait pas eu des jeunes très motivés pour ces métiers qui n'ont jamais pu les exer­cer car des gens plus brillants qu'eux ont occupé leur place dans les écoles et n'ont pas eu envie d'exercer le métier. Ne faudrait-il pas changer cela ?



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