mercredi 30 décembre 2009

Démocratie et Entreprise

La crise financière mondiale bat son plein, les bourses s'écroulent, les banques se recroquevillent, les entreprises perdent du chiffre d'affaires, les salariés perdent du pouvoir d'achat, voire leur emploi...Il serait temps de se poser quelques questions sur notre système capitaliste et sur le fonctionnement de ce système dans l'entreprise. Peu instruit des pratiques de la haute finance internationale, je n'aborde ici que le deuxième aspect : le capitalisme dans l'entreprise et les questions que l'on peut se poser sur sa compatibilité avec les règles démocratiques.
Les actionnaires fournissent le financement pour l'investissement initial de l'entreprise, est-il cependant acceptable qu'elle leur appartienne à eux seuls alors qu'elle est incapable de fonctionner sans les salariés ? Actuellement les actionnaires ont le pouvoir et ne considèrent les salariés que comme des moyens dont il faut augmenter le rendement et baisser le coût. Ils ne les rencontrent jamais, ils nomment une équipe de direction chargée, entre autres , de les "gérer". Du point de vue démocrate et humaniste, actionnaires et salariés devraient avoir des relations d'associés et coopérer pour leur intérêt commun. Les salariés devraient donc être représentés au conseil d'administration avec un poids égal à celui des actionnaires.
Les entreprises réinvestissent, le plus souvent, sans réaliser d'augmentation de capital. C'est à dire qu'elles augmentent leur potentiel en utilisant leur trésorerie, leurs bénéfices ou en empruntant. Si l'on considère que l'investissement initial s'amortit d'environ 10% par an, ce réinvestissement sur fonds propre est tout à fait normal jusqu'à cette valeur de 10% du capital social car il ne constitue que le maintien de la valeur initiale de ce capital. Au delà de cette limite ce réinvestissement accroît la valeur de l'entreprise et donc celle des parts que détiennent les actionnaires sans qu'ils aient eu à financer cet accroissement. Ne serait-ce pas là un détournement de bien social au détriment des salariés ? Ces derniers n'ont-ils pas participé a permettre ce réinvestissement ?
Il n'est pas si rare de voire un puissant groupe racheter une entreprise en bonne santé et , dans l'année qui suit, récupérer sa mise en pillant la trésorerie et en vendant quelques actifs mineurs de l'entreprise. Les salariés de cette entreprise n'ont-ils pas raison d'avoir le sentiment d'être cocus ?
D'une façon plus générale, quand l'entreprise crée de la valeur, est-il juste de n'attribuer cette valeur qu'au seuls actionnaires ? Les dispositifs de participation et d'intéressement vont dans le bon sens mais restent insuffisants et décorrellés de l'évolution de la valeur de l'entreprise. N'est-ce pas aussi un facteur de moindre efficacité que de ne pas assez associer les salariés à la performance de l'entreprise ?
Ajoutons à cela le problème des dividendes : Quand l'entreprise fait du bénéfice, est-ce grâce aux seuls actionnaires ? Pourquoi sont ils seuls au conseil d'administration pour en décider l'utilisation ? Et pourquoi les dividendes ne seraient-ils pas partagés entre actionnaires et salariés ? Les uns pour rémunérer leur investissement, les autres pour récompenser leurs efforts productifs et les encourager à poursuivre.
En résumé, pour améliorer la démocratie dans l'entreprise, il faudrait :
- établir la parité stricte entre actionnaires et salariés au conseil d'administration,
- réglementer les réinvestissements afin d'interdire le réinvestissement sur fonds propres supérieur à 10% du capital social par an,
- réglementer l'attribution des dividendes à parité entre actionnaires et salariés.
Il reste, évidemment, à débattre de ces principes et des modalités associées.