samedi 26 octobre 2024

Combien d'espèces humaines ?

 

1) Les paléoanthropologues distinguent des "espèces" humaines différentes (Habilis, Erec­tus, Antécessor,Nalédi, Dénisoviens, Néanderthal, Sapiens...) situées sur certaines parties du globe et sur certaines périodes entre moins 7 millions d'années et maintenant. Ils différencient ces "espèces" essentiellement par des critères morphologiques relevés sur les fossiles de quelques individus.

Avec ce concept, les limites d'une espèce sont floues : il existe des individus appartenant plus ou moins ou presque à une espèce donnée. Ce qui n'est pas satisfaisant, les critères mor­phologiques sont donc exclus, ils relèvent d'ailleurs d'avantage de la notion de race, notion qu'il vaudrait mieux employer ici même si elle est éthiquement prohibée.

D'un point de vue rigoureusement scientifique, le concept d'espèce ne peut correspondre qu'à la définition précise utilisée par les généticiens :

" Ensemble d'êtres vivants capables de reproduction sexuée entre eux et de générer ainsi des êtres également féconds ".

2) Temporalité : Compte tenu de la définition ci dessus, on ne devrait parler d'espèce commune à deux individus que s'ils ont été contemporains. Les comparaisons d'espèces entre deux groupes d'individus ayant vécus à des époques séparées par plusieurs centaines de milliers d'années n'ont pas de sens. On ne peut pas présumer de leur interfécondité puisqu'ils n'ont pas pu se rencontrer. On ne peut pas non plus présumer ce que serait devenu, du fait de l'évolution, le plus ancien groupe s'il avait perduré jusqu'à l'époque du deuxième.

3) Lignées : Dans le cadre des études paléoantropologiques, le nombre très réduit de fos­siles découverts ainsi que l'importance de l'échelle des temps sur laquelle ils se répartissent font qu'on ne peut établir aucun lien de vie commune entre deux de ses fossiles s'ils ne sont pas dé­couverts sur le même niveau du même site. Utiliser le concept d'espèce est donc inutile.

Ces hominidés vivaient en tribus composées d'un faible nombre de familles qui entrete­naient peu de relations avec les autres tribus du fait que leur territoire de subsistance était né­cessairement étendu à plusieurs journées de marche. Il vaudrait donc mieux parler de "lignée". Il y a 40000 ans en Europe, il devait y avoir quelques milliers de ces tribus humaines et donc presque autant de lignées dont une fraction importante s'éteignait régulièrement pendant que quelques unes essaimaient. Les échanges de gènes épisodiques entre lignées voisines dans un même bassin géographique ont formé des populations qui se sont donc développées isolément et se sont adaptées chacune à son environnement. Ce qui explique la forte diversité des carac­tères morphologiques entre fossiles. Il me semble plus intéressant de tracer l'évolution des li­gnées et populations que de se prononcer sur l'appartenance ou non à la même espèce de deux fossiles.

4) Génétique : Les récentes analyses d'ADN ont fait apparaître, contrairement à ce qu'af­firmait nombre de paléoanthropologues, qu'entre -100000 ans et – 30 000 ans les Homo Sapiens Sapiens, Sapiens Néandertalensis et Sapiens Denisova se sont hybridés et ont eu des descen­dances fertiles. La seule conclusion possible en est que ces 3 populations sont de la même espèce humaine "Homo Sapiens".

Dans la mesure où on établit assez bien la filiation entre les populations plus anciennes –Erectus, Antecessor, Habilis...- et ces 3 populations récentes d'Homo, je ne vois pas quelle ar­gumentation pourrait permettre de soutenir que les anciennes populations constituaient des espèces distinctes alors que leurs descendantes sont d'une même espèce, sauf à démontrer que seule une d'entre elles ne s'est pas éteinte et qu'elles ne se sont jamais hybridées.

5) Conclusion, depuis Habilis jusqu'au Sapiens actuel, il n'y a qu'une seule espèce : Homo.

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