L'enseignement français se
montre de moins en moins performant malgré l'importance
grandissante de son coût ; Malgré un poids de plus de 21% dans
le budget national, l'enseignement français est de plus en plus mal
classé par rapport à ceux des autres nations développées et
Nombre d'observateurs lui reproche de ne pas assez préparer les
jeunes à la vie professionnelle.
Et pourtant, il ne manque pas,
parmi les jeunes Français, de filles et de garçons doués de
talents et d'envies de réussite. Par contre, leurs talents et leurs
envies ne correspondent pas souvent avec ce que veulent pour eux
leurs parents et leurs enseignants. Ce constat était valable pour
les générations précédentes aussi mais, d'une part la société,
les techniques et les métiers évoluaient moins vite, d'autre part
la robotisation, la mondialisation et la concurrence exacerbée ont
changé la donne.
Jusqu'à présent, la mission de
base de l'Education Nationale est d'élever au maximum le niveau de
chaque élève, d'abord dans la culture générale -la même pour
tous- ensuite dans quelques grandes disciplines théoriques :
mathématiques, physique, lettres, droit... dont on pensait,
jusqu'alors, qu'elles constituaient les outils indispensables de
l'élite. Logiquement, les diplômes et concours sanctionnent cela en
éliminant les candidats les moins brillants. Bien sûr, il y a
aussi, à côté, une filière professionnelle vers laquelle on
dirige les élèves moins doués mais elle reste la branche mal-aimée
du ministère. Pour couronner l'édifice, il y a les grandes écoles
: Polytechnique, Normale sup., ENA, Science-Po... Ceux qui arrivent,
après plusieurs niveaux de sélection à intégrer ces écoles sont
promis à former les élites de la Nation dans tous les domaines. Le
système choisit donc, pour occuper une fonction quelconque, le
candidat qui a montré le plus haut niveau dans les disciplines
théoriques et culturelles. Si montrer de l'ambition lui est
favorable, à aucun moment de ses études on ne s'intéresse à ses
motivations professionnelles. On privilégie le niveau intellectuel
au détriment de la motivation. A titre d'image cela reviendrait à
dire que celui qui a une forge sera forgeron alors que celui qui
rêve de forger mais ne possède pas de forge ne le sera pas. On
sacrifie celui qui a la motivation au profit de celui qui a les
moyens.
Je propose que l'on révolutionne
notre Enseignement en éliminant ce principe élitiste pour, au
contraire, porter l'effort sur l'éclosion des vocations des élèves
: "Priorité à la motivation"
Le primaire doit être consacré,
avec un peu plus d'insistance qu'actuellement, à apprendre à lire,
écrire, compter plus quelques rudiments de civisme, d'histoire,
géographie et sciences.
Dans le premier cycle du
secondaire (collège) l'objectif principal doit être de déterminer
pour chaque élève sa"vocation". A savoir le secteur
d'activité professionnelle dans lequel il se sentirait efficient
et dans lequel il a envie d'exercer. Pour cela, il faut multiplier
les conférences, visites, rencontre de professionnels de tous
métiers, observer les élèves pendant leurs loisirs, voir ce qu'ils
font spontanément, les encourager à cultiver et pratiquer leurs
hobbies et en définitive à choisir leur vie. Toutes ces actions
pour leur permettre de découvrir leur "vocation", ce qui
sera facile pour quelques uns et beaucoup plus laborieux pour
beaucoup d'autres.
En parallèle, évidemment, des
compléments d'enseignement de culture générale, théorique et
physique sont dispensés. En fin de classe de troisième chaque élève
doit avoir pris sa décision d'orientation sans préjuger de ses
facultés théoriques. En effet, l'expérience semble indiquer que
celui qui n'a pas trouvé sa voie à 15 ans, la cherche encore à
25 a donc acquis une spécialité choisie par d'autres.
Ensuite, les années de lycée
seraient consacrées à donner à chaque élève les bases théoriques
indispensables à l'orientation qu'il a choisie, avec tous les
moyens nécessaires pour qu'il atteigne un niveau suffisant (heures
de cours supplémentaires, redoublement...). Mais en aucun cas il ne
faudrait le décourager ni l'orienter vers une autre voie.
Après le Lycée, on rentre dans
la partie spécialisation qui pourra, selon les activité visées,
être de la formation pratique ou/et théorique. Elle pourra être
courte ou plus ou moins longue selon le niveau de spécialisation
et de responsabilité que l'élève souhaitera atteindre.
Toutes les structures de
l'enseignement supérieur, y compris les grandes écoles continueront
d'exister mais les concours devront, d'abord, porter sur la
motivation des candidats, puis lors d'une mise en situation, on
notera leur comportement. Leurs capacités théoriques ne seront
examinées qu'en dernier critère et pour vérifier qu'ils ont acquis
les connaissances de base. En effet, dans la pratique d'une
profession, les connaissances théoriques "pointues" ne
sont utiles que très rarement et quand cela est le cas on a recours
a des spécialistes ou à de la documentation. Le professionnel ne
peut pas posséder toutes les compétences, il doit par contre être
motivé pour atteindre ses objectifs et pour cela solliciter des
collaborateurs ou des prestataires pour les compétences qui lui font
défaut.
Evidemment ces principes
s'appliquent au recrutement des enseignants :
Fini les concours du type "CAPES"
où il faut être un génie mathématicien avant d'être nommé
"prof. de maths"en 6ème dans un collège de banlieue. On
sélectionnera d'abord les candidats qui montreront une motivation
suffisante à exercer le métier de professeur, y compris dans des
zones difficiles ou à des élèves en difficultés. Ensuite on les
testera en situation, devant une ou plusieurs classes pendant deux
semaines de cours. Même s'ils n'ont pas encore l'expérience ni reçu
de formation pédagogique, ceux qui ont vraiment "le virus"
du métier se distingueront. Ensuite, seulement, on complètera la
formation pédagogique des nouvelles recrues pendant une année de
formation en alternance : mi-temps enseignement sous vidéo, mi-temps
formation pédagogique.
Seuls les enseignants du primaire
(je propose de revenir à l'appellation d'Instituteur) enseigneront à
plein temps. Dans le secondaire et le supérieur, la règle sera le
cumul de la fonction de Professeur avec une fonction rémunérée à
temps partiel dans un autre secteur d'activité. Ainsi les
enseignants ne seront plus enfermés dans le milieu
enseignants-enseignés mais participeront à la vraie vie de la
nation et pourront éveiller l'intérêt des élèves sur les
activités extérieures. La réciproque est nécessaire : des
professionnels de divers secteurs devront êtres nommés Professeurs
à temps partiel pour augmenter encore cette interpénétration
enseignement-activités.
Le cumul de la fonction
d'enseignant avec une fonction autre à temps partiel pourrait
permettre d'accroître la rémunération des enseignants au prix, il
est vrai, d'un accroissement de leur horaire de travail, il pourrait
aussi offrir un complément de rémunération à des employés et
cadres d'industrie, d'administration, de commerce, des médias, des
arts...
Conclusion : On a connu des
artistes qui avaient un diplôme d'ingénieur et n'avaient jamais
exercé, on pourrait aussi trouver des avocats qui n'ont jamais
plaidé et bien d'autres encore... ce ne serait pas grave s'il n'y
avait pas eu des jeunes très motivés pour ces métiers qui n'ont
jamais pu les exercer car des gens plus brillants qu'eux ont
occupé leur place dans les écoles et n'ont pas eu envie d'exercer
le métier. Ne faudrait-il pas changer cela ?
Scribe
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